Rituel politique et grand moment de communication, la présentation du projet de loi de finances (PLF) permet chaque année au gouvernement en place de détailler des priorités d’action. La présentation en Conseil des ministres puis à la presse, le 27 septembre, du futur budget 2018 – le premier de l’ère Macron – ne déroge pas à la règle avec au centre, la question des effectifs. “Après deux années de forte croissance des effectifs, 2018 marque un retour à des suppressions nettes d’emplois, claironne le dossier de presse présentant le PLF. Pour 2018, le solde global des créations et des suppressions d’emplois s’élève à – 1 600 équivalents temps plein (ETP) dont – 324 ETP pour l’État et – 1 276 ETP dans les opérateurs, ce qui constitue une rupture par rapport aux années 2016 et 2017, marquées par des créations d’emplois de près de + 14 000 ETP par an. Ce solde net permet de financer de manière soutenable les priorités du gouvernement.”
Trois ministères tirent leur épingle du jeu : les Armées (+ 518 équivalents temps plein après + 464 en 2017), l’Intérieur (+ 1 420 après + 1 774 l’année dernière) et la Justice (+ 1 000 après + 2 100). Des trajectoires dans la continuité de la dernière année Hollande, opérées en raison du contexte sécuritaire et international, toujours très tendu, presque trois ans après les premiers attentats qui ont ensanglanté Paris.
Priorité au renseignement et à la cyberdéfense
Les créations de postes à la défense devront permettre, notamment, de renforcer les effectifs des services de renseignement, de cyberprotection et la capacité de sécurité-protection des sites du ministère. Au ministère de l’Intérieur, police et gendarmerie récupèrent 200 millions d’euros de plus (13,3 milliards au total), qui serviront à déployer “2 000 emplois supplémentaires sur le terrain”. D’ici 2020, ces crédits augmenteront encore de 300 millions d’euros, pour tenir la promesse d’une hausse des effectifs de 10 000 postes sur le quinquennat. Une promesse de campagne.
À noter que, hors sécurité, le ministère de l’Intérieur perd lui aussi 450 emplois, dans le cadre de la mission administration générale et territoriale de l’État. Une baisse qui s’explique pour l’essentiel par l’application de la dernière tranche du plan Préfectures nouvelle génération, décidé en 2015 par Bernard Cazeneuve et qui réorganise et recentre les missions des préfectures, supprime des effectifs et procède à des redéploiements.
Globalement, ce budget 2018 élaboré par l’équipe Macron introduit certains points de rupture budgétaire avec la Présidence Hollande, notamment sur le volet éducation nationale. Alors que ce ministère avait obtenu un gain de 11 662 ETP l’an passé, le nouveau patron, Jean-Michel Blanquer, qui escomptait des créations de postes, n’a pas obtenu de nouvelles créations, parvenant simplement à arracher une stabilité des effectifs (1 021 721 ETP), à la différence d’autres ministères, frappés, eux, par des baisses nettes.
Bercy et l’Écologie parmi les principaux contributeurs
Au sein de l’État, les principaux contributeurs à la baisse des emplois sont en effet les ministères économiques et financiers (- 1 648 ETP) ainsi que le ministère de la Transition écologique et solidaire (- 828 ETP), le ministère de l’Intérieur hors sécurité (- 450 ETP), le ministère des Solidarités et de la Santé (- 258 ETP), le ministère du Travail (- 239 ETP), celui de l’Agriculture et de l’Alimentation (- 130 ETP), le ministère de la Culture (- 110 ETP) et celui de l’Europe et des Affaires étrangères (- 100 ETP).
S’agissant des opérateurs, les suppressions d’emplois portent notamment sur ceux relevant des périmètres du ministère de la Transition écologique et solidaire (- 496 ETP), du Travail (- 347 ETP), de la Santé (- 272 ETP) et de l’Agriculture et de l’Alimentation (- 95 ETP).
Source: fsu34