La garde à vue du doyen Pétel démissionnaire et du professeur JL Coronel de Boissezon vient de s’achever.
Le doyen de la faculté, Philippe Pétel a été mis en examen pour complicité d’intrusion et Jean-Luc Coronel de Boissezon a été mis en examen pour complicité d’intrusion et violences en récidive, en raison d’une condamnation datant de 2013. Tous les deux ont été placés sous contrôle judiciaire.
Évoquant une après-midi et une soirée marquées dans la faculté par des « incidents », des « provocations » et des « tensions fortes » entre pro- et anti-blocage, après une journée d’actions sociales et dans le contexte de la protestation contre la loi Vidal modifiant les conditions d’accès aux études universitaires, le procureur de la République de Montpellier Christophe Barret a décrit par le détail le déroulé des incidents.
M. Pétel a reconnu avoir donné l’ordre de permettre l’accès aux locaux pour que la police puisse intervenir — « ce dont on peut douter, puisque la demande de réquisition de la force publique auprès du préfet (faite par la direction de l’université) n’avait pas eu de suite », a pointé le procureur. En revanche, aucun témoignage ne suggère que le doyen a lui-même pris part aux violences qui ont suivi, a précisé M.Barret.
En fait de policiers, ce sont au total une dizaine de personnes, cagoulées et armées de morceaux de bois arrachés à des palettes trouvées sur le parking du personnel et de pistolets à impulsions électriques, qui ont fait irruption dans l’amphithéâtre et « frappé des coups extrêmement bruyants sur les tables et les chaises et sur un certain nombre de personnes », selon M. Barret, qui a évoqué 9 personnes se plaignant d’avoir été blessées, sept dans l’amphithéâtre, et deux autres dans les incidents qui ont précédé. « Fort heureusement, que des blessures légères », a-t-il ajouté.
Selon certains témoignages, M. Coronel de Boissezon aurait « pris contact avec le groupe des personnes à qui on a donné accès aux locaux », voire participé lui-même aux violences avec ce groupe, a poursuivi M. Barret au cours d’une conférence de presse. Lui reconnaît simplement être intervenu dans l’amphithéâtre pour évacuer « dans une bousculade, de l’agitation et des cris » une étudiante en particulier –il portait du reste des traces de coups lors de sa garde à vue, a précisé le magistrat.
« A l’heure où je vous parle, il n’y a aucun indice mettant en cause d’autres personnels ou étudiants de l’université », a conclu M. Barret.
L’intersyndicale de l’université réclame « des mesures conservatoires immédiates » contre les enseignants, les étudiants et les personnes mis en cause dans les incidents. La FSU 34 s’associe aux exigences des personnels de l’université.
Un « comité de mobilisation » des étudiants et de doctorants de la faculté de droit et de science politique a appelé à une « marche pour la justice, contre les agresseurs et leurs complices » vendredi à 16H00 au départ de la faculté de droit.
Il n’est pas certain que les mises en examen de deux protagonistes, dont un récidiviste de violence, enseignant de surcroit, et alors que le procureur fait état de l’intrusion de 10 personnes cagoulées, apaisent la colère légitime des étudiants comme le souhaite la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Cette colère est partagée bien au delà du cercle des étudiants et des personnels de l’université.